Le voyage en Belgique. Mai 2014

 

Je rentre de Belgique où j'ai pu admirer le polyptique de l'Agneau mystique et 2 autres chef-d'œuvre de Jean Van Eyck : la Vierge au chanoine Van der Paele et le portrait de Marguerite Van Eyck. Ils ont été peints il y a près de 600 ans. Leur état de conservation est exceptionnel.
Sur le cartel qui présente la Vierge au chanoine, j'ai pu lire ceci : « avant Van Eyck, les peintres mélangeaient leur couleurs avec du jaune d'œuf. Après lui, on les a mélangées avec de l'huile de lin ». Au musée des Arts royaux de Bruxelles j'ai entendu, sur un audio-guide : « les primitifs flamands enduisaient de blanc leurs panneaux de bois sur lesquels ils superposaient de fines couches de couleurs diluées à l'huile. Après avoir traversé ces couches, la lumière est réfractée par le fond blanc, ce qui donne à leurs tableaux la luminosité que l'on admire tant aujourd'hui ». Comment les spécialistes mondiaux des primitifs flamands, des conservateurs, des commissaires d'exposition et autres restaurateurs attitrés chargés de veiller sur ces trésors et de les conserver peuvent-ils écrire, faire imprimer et diffuser auprès du public de telles erreurs?



C'est moi… le Mystic Lamb. Cathédrale de St-Bavon, Gand

Ce n'est pas la couche d'enduit qui réfracte la lumière, mais la couche picturale opaque. Il n'y a pas peinture à l'œuf d'un coté et peinture à l'huile de l'autre mais alliance subtile des 2. Hubert et Jean Van Eyck passent pour les inventeurs de la peinture à l'huile mais ils ne l'ont pas créée ex-nihilo. Leur trouvaille fut d'avoir fait interagir des éléments déjà connus : à l'époque, on peint les fonds à la détrempe (c'est-à-dire à la colle, en l'occurrence le jaune d'œuf) sur lesquels on dépose de petit traits à l'huile en dégradés pour rendre les effets de clair-obscur et de carnation. Mais il manque un ingrédient, un médium, qui permettrait de lier la sauce, le sfumato des fonds et les couches de surface, les glacis. Les glacis ne peuvent être déposés que lestement. Il s'agit de trouver un liant qui puisse fluidifier l'huile trop visqueuse et soit assez mordant pour y dissoudre une résine (afin d'obtenir un vernis). Ce sera l'essence de térébenthine (ou d'aspic), car les frères Van Eyck sont des alchimistes, plus précisément des spagyristes : ils connaissent les secrets de la distillation, et savent fabriquer les diluants volatils. Leurs priorités : séchage rapide, liberté d'exécution et pérennité de l'œuvre achevée. Pour cela, ils vont cuire l'huile pour la rendre plus siccative, broyer le pigment blanc avec une émulsion pour qu'il sèche vite, dissoudre la résine dans l'essence et enfin, mettre au point un médium multifonctions. La résine enserre le pigment dans sa trame et évite que la peinture ne poudroie et ne se délite au fil du temps. La résine ne sert pas uniquement à protéger une peinture après finition, elle est au cœur du système, avec la colle (l'œuf), présente dans l'émulsion.
Beaucoup de spécialistes ont identifié les divers ingrédients utilisés par les Van Eyck mais à ma connaissance, seul Nicolas Wacker, dont j'ai été l'un des élèves à l'Ecole des Bx-Arts de Paris au début des années 70, a compris le processus de cette technique. Il l'a appelée : « technique mixte ». Le mémoire de Nicolas Wacker, « la peinture à partir du matériau brut », petit ouvrage de 100 pages a été réédité en 2009.


Le rétable de l'Agneau mystique vu de
loin. Pas de photo ! Plusieurs panneaux
sont en cours de restauration ( infos
en bas de page )

La voilà la recette, repensée par Nicolas Wacker avec nos matériaux contemporains. Elle est simple :
Emulsion : 1 vol. d'Alcasit (liant cellulosique 1/25), ½ vol. d'huile de lin épaissie au soleil, ½ vol de vernis (gomme Damar ½), 1 vol. d'eau.
Médium : 1 vol. d'huile de lin épaissie au soleil, 1 vol.de vernis (gomme Damar ½), 1 vol. d'essence de térébenthine.

Comment procéder ensuite et utiliser ces liants? En peignant gras sur maigre. Une couche à l'émulsion avec des pigments opaques, puis une couche au médium avec des pigments transparents. On enchaîne jusqu'à achèvement. Il ne s'agit pas de recouvrir bêtement les dessous au cours du processus mais d'exalter les couches de base par la superposition de glacis. A quel moment du processus de séchage reprendre un tableau en cours d 'exécution ? Quand vous appliquez le bout de votre doigt sur la toile et que vous constatez que la matière est très collante, n'intervenez-pas, vous mélangeriez dessus et dessous et obtiendriez une bouillie. En revanche, si en appliquant votre phalange sur la toile vous percevez comme une légère adhérence, vous pouvez y aller : déposez un glacis, coloré ou non, sur la zone à retoucher et peignez dans ce demi-frais. C'est alors que la supériorité de la technique de Van Eyck éclate par rapport aux autres. On obtient aussitôt la somptuosité émaillée de la matière d'un Vermeer! En revanche, si la couche sur laquelle vous souhaitez retravailler est déjà sèche au contact du doigt, attendez 15 jours avant de reprendre, cela évitera l'apparition de craquelures prématurées. Pour Léonard de Vinci qui superpose 14 glacis sur sa Joconde, temps de séchage avant une nouvelle intervention : 2 mois.
Cela peut paraître fastidieux. Ca ne l'est plus si l'on travaille sur plusieurs tableaux en même temps. On découvre alors à ses dépends qu'au contraire, ça sèche trop vite !



Portrait de Marguerite Van Eyck. Bruges
Noir, blanc, rouge : les 3 « teintures » du Grand Œuvre : œuvre au noir ( mort et renaissance), au blanc ( l'Androgyne primordial), au rouge ( la Pierre de projection). Hasard ? Peut-être, mais Van Eyck était alchimiste… Qui est représenté ici : madame Van Eyck ou Dame Pernelle ? Je l'ignore, mais hommage au coloriste! Le vert éteint de la ceinture et le gris de fouine du col fourré tempèrent et colmatent le bouillonnement sourd du rouge. Le noir du fond n'est pas un noir, c'est un brun acidulé de vert, de la terre d'ombre brulée matée de bleu profond puis glacée au noir. Le blanc de la coiffe n'est pas blanc. Si l'on fait abstraction des vernis blonds appliqués sur l'œuvre longtemps après son exécution, nous sommes plu chez les gris trichromes. Les gris optiques eux, sont présents dans les ombres de la tempe droite. Quant au rouge, il est violet tendance verte, il boursoufle de rouge. Bien sûr, il n'a pu être obtenu que par l'addition de couches de pigments : blanc empâté d'abord, puis blanc rosé, puis rose, puis rouge acide glacé, enfin strates de rouges violacés, ombrées vert et cuivrées. Simplicité apparente mais luxuriance de la palette. Comment lutter, si l'on ignore tout de cette technique (émulsion plus glacis, alternance méthodique de couches opaques et de couches transparentes en vue d'obtenir le ton final )? Impossible. Seule la « technique mixte » permet d'en dire autant avec si peu de moyens.


La Vierge au chanoine Van der Paele. Peinture sur chêne. 140 cm / 176 cm. Bruges
On y voit un homme agenouillé, une paire de lunettes à la main (!) contemplant la Vierge et le petit Jésus entourés d'un chevalier (St Georges ) et d'un ecclésiastique (St Donatien) dans un intérieur feutré tout ce qu'il y a de plus bourgeois (en fait, la cathédrale St Donatien de Bruges). Où sommes-nous? Dans l'enceinte visionnaire de Dieu ou dans la demeure de riches drapiers flamands ? Comment tous ces éléments spatio-temporels hétéroclites et disparates, naïfs et improbables peuvent-ils cohabiter dans l'espace fictif d'un tableau sans déclencher le rire ? On peindrait cette scène aujourd'hui, en y intégrant tous les éléments de notre quotidien, ça ne fonctionnerait pas. On sombrerait dans le blasphème, la dérision, la nullité, le kitch. Et pourtant ici, ça marche. On y croit. Personne ne sourit face au tableau, au contraire. On admire, on se recueille, on parle à voix basse. On salue le tour de force, celui d'avoir su introduire de la spiritualité dans un intérieur bourgeois. Pour Van Eyck, Dieu est et il le convoque à paraître où il le souhaite. Pourtant, la foi ne figure pas au nombre des ingrédients composant le fameux médium qu'il concoctât et qui lui valu le titre d'inventeur de la peinture à l'huile. Prodige.


Détail. C'est du Vermeer avant l'heure et c'est déjà Matisse (la somptuosité
en moins pour ce qui est de Matisse, évidemment )

Dali affirmait que Vermeer aurait volontiers déposé un combiné téléphonique sur le bureau de l'Astrologue si cet objet manufacturé avait figuré au rang des innovations techniques de l'époque. De nos jours, le chanoine serrerait-il dans ses mains un portable à la place d'une paire de lunettes ou porterait-il un casque sur les oreilles ? Assurément non, car le passé semble repousser toute tentative d'introduction d'éléments incongrus autres que ceux proposés par sa contemporanéité. Et vice-versa : on ne peut plus désormais inoculer du sacré dans les images-fétiches de notre quotidien. On a su récemment plomber d'humanité une paire de godillots et revitaliser et aurifier par art un moule à gaufres océanien mais il semble peu probable que l'on puisse prochainement gorger de spiritualité un Smartphone ou le fourneau d'une centrale nucléaire.
Comme le fait remarquer Jean-Louis Morelle, «même dans les paysages les plus urbains de Van Gogh, on trouve toujours un petit coin de ciel et quelques brins d'herbe». La Nature est notre creuset et on ne peut s'ancrer qu'en Terre.



Petit chef-d'œuvre. Petit par le format. Auteur
anonyme. Bruges

Si les principes de la technique des frères Van Eyck et de leurs disciples ne s'étaient pas perdus, la face de la peinture moderne en eût été changée. Notre regard s'est enrichi depuis, mais notre Vision s'est appauvrie.
Un rouge jailli hors du tube et appliqué tel quel par Van Gogh sur la toile, restera à jamais rouge simplet jailli hors d'un tube. Or, glacé de rouge, il devient rouge infernal. Et un ciel d'orage même peint par Vincent, serait encore plus menaçant nappé de glacis, si. Les paysages des impressionnistes auraient été plus lumineux, beaucoup plus lumineux et Malevitch aurait pu peindre un vrai carré noir sur fond noir et un vrai carré blanc sur fond blanc, pas un jaunasse sur fond jaunasse, si . Et l'icône promise devint concept.
Je pense aux Fauves (des lionceaux), aux Expressionnistes, à tous les violents, à tous les coloristes dont Bonnard, ce Bonnard qui aurait pu, maître de ses liants, faire fusionner lumière et matière, et à Rothko qui aurait pu projeter de douces volutes sur ses visions d'au-delà au lieu de les plomber en pot au noir, si.
Je pense à tous les peintres qui ont travaillé avec les moyens du bord, faute d'avoir été initiés. Delacroix enrageait devant les Rubens dont il ignorait la technique et Renoir à l'article de la mort croyait encore que le secret reposait dans le dosage de l'essence de térébenthine. Les pauvres.
Sans parler de l'«outre noir » dont il est beaucoup question aujourd'hui et qui n'est en fait, pour plagier Coluche, qu'un gris très très… foncé. Arnaque au noir. Conseil : si vous souhaitez sonder de l'outre-noir, méfiez-vous des contrefaçons et prospectez du coté des étoffes peintes par Van Dyck (National Gallery de Londres ), des affres gravées des mises au tombeau de Rembrandt, plongez dans les noirs ténébreux des pèlerins d'Emmaüs du même Rembrandt (Musée Jacquemart-André) ou dans les paroles de nuit de St Jean de la Croix.



Bruxelles. Frans Hals. En zig-zag !

L'Histoire légendaire, rapporte qu'Antonello de Messine a introduit la technique de Van Eyck en Italie. Très vite la technique va se développer dans le sens du raccourcissement du procédé. On saute des étapes. « Rubens, c'est presque de la prestidigitation. Le peintre connaissait son métier; quels soins il apporte à ses pinceaux, sa palette, ses couleurs! Il adaptait son matériau à sa façon de peindre en restant fidèle aux principes traditionnels » (Nicolas Wacker).
Pourquoi simplifier la technique? Parce que les peintres doivent faire face aux demandes-express de nouveaux commanditaires, les bourgeois et les princes. Fini le panneau de bois, on peint sur toile (1544), des toiles que l'on va rouler et expédier aux 4 coins de l'Europe. Les tableaux de Van Eyck et de ses disciples ont été peints en atelier, hors-temps. Mais déjà leurs Vierge Marie faisaient des pied de nez aux donateurs et souhaitaient enjamber la balustrade située en fond de tableau, fenêtre ouverte sur le monde, pour y folâtrer en jardin d'Eden en compagnie de leurs nombreux enfants-Jésus. Elles étouffaient dans l'espace confiné du « studiolo ». Leurs attributs veulent eux-aussi s'émanciper. Ils vont devenir des Genres, distincts et autonomes : paysage, nature morte, portrait, peinture de genre et d'histoire.


Bruxelles. Rubens. Etude de têtes. Virtuose

D'un point de vue technique, quelles étapes saute t'on ? On renonce à la superposition méthodique des couches opaques, on abandonne l'émulsion qui reste réservée au broyage du pigment blanc. Il s'agit de peindre l'instant. De fait, Rubens amoureux va pouvoir brosser en une seule séance le portrait de sa femme saisie au saut du lit et lovée dans une fourrure et torcher la « Kermesse » en une semaine. Il faudra attendre Vermeer pour assister au retour de l'émulsion dans le godet du peintre. La matière émaillée d'un Vermeer est proche de celle de Van Eyck, il utilise donc le même procédé avec des produits similaires et «plus », il peint ton-sur-ton comme Chardin plus tard. On redécouvre pour un temps l'espace pictural d'une méditation sans emphase.
Mais comment faire quand on est dans la nature, que l'on s'appelle Van Gogh, que l'on veut brosser un paysage illico presto, et tout dire dans la transe de l'instant ? Dans le médium de Vincent, il y a forcément un siccatif, donc de l'huile cuite et du vernis. Sans eux, la performance serait impossible. Nous ne sommes pas loin de la technique des anciens, revisitée. C'est ce que lui a appris son cousin Mauve, tant décrié, et qu'ignorait Cormon (« le Père la rotule ») dont il a brièvement fréquenté l'atelier. Vincent peut donc poser « le noir de musc, de truffe, » de ses corbeaux sur un ciel d'orage à peine sec, et enchaîner les gestes, sans déranger les dessous. Comme il multiplie les interventions rapides dans le demi-frais, sa peinture ne craque pas. Ce que nous constatons encore aujourd'hui.


Bruges. Frans Halz. 2 siècles d'avance sur Manet, et mieux peint


Rubens. Mise en croix. Cathédrale St-Jacques d'Anvers



Descente de croix. Les grandes orgues pour Rubens le baroque

Le procédé de Van Eyck ne se cantonne pas à la peinture à l'huile. Par extrapolation, on peut l'adapter au dessin ( superposition de couches de crayons secs puis gras sur des lavis de graphite dilués à l'eau et à l'alcool), à l'aquarelle, sur papier ou sur parchemin ( laver, reprendre, superposer et glacer pour obtenir des matières) et à la gravure sur cuivre ou sur acier laquelle se prête superbement à l'exercice : addition des morsures, grattage du métal, descente dans les enfers de la matière, un parcours sans fin.



Jérôme Bosch. L'Apocalypse rose bonbon (mais à tons rompus, car on est en compagnie d'un grand coloriste)
Bruges


Jérôme Bosch. « Et on tuera tous les affreux » (V. Sullivan). J'ai adoré. Gand



St Jérôme vautré d'amour. Gand



David Téniers. Un « terrien » qui a tout compris



La Maison Rubens à Anvers. Van Dyck : portrait du « petit
prince » d'Orange peint à la confiture d'abricot. Le peintre guide
notre regard vers le centre caché du tableau, la plume d'autruche
qui orne le bonnet de l'enfant. Les gris optiques répartis alentours
la font mousser. Murmures entre gris feutrés et
roses saumon ouatés. Adorable. Du Watteau avant l'heure

Un tableau n'est pas seulement génial parce qu'il est bien peint, mais il est rare qu'un tableau génial soit mal peint. Ca aide. Exemple: la Joconde, taguée ou non. Sa « présence » est intimement liée à son mode d'exécution. Nous avons beaucoup souffert de la peinture du 20ème siècle et de ses pitreries. Qu'est-ce que le réel ? Les choses nous sont-elles données ou sont-elles enfouies ? L'inconscient existe t-il ? Si oui, est-il profondeur? Que veut dire profondeur ? Les choses sont-elles offertes ou cachées ? Qui fut moderne? Qui sont nos vrais contemporains? Tandis que les mots nous lâchent, 2 modes d'appréhension des mondes, visible et invisible, semblent se faire face : avec la touche-sans reproche-de Cézanne, on est dans le cut-off, le patchwork, la juxtaposition, la citation, la bande dessinée, le cartoon, le défilement, la fin du temps, l'actualité, la modernité. Pas de profondeur. On est le spectateur de Cézanne en train de peindre, l'éternel contemporain de sa gestuelle.
Avec Van Eyck on est dans le feuilletage, la superposition, la polyphonie, la polysémie, l'archaïque, la profondeur. Dans l'enracinement, la mémoire, le Romantisme de Nerval et de Rimbaud, la durée, l'éternité, le vieil Occident, l'illumination qui jaillit des abysses, le numineux. Ici, le peintre « brille » par son absence.
Pour Artaud évoquant dans « Le Théâtre et son Double » l'épisode de l'incendie de la bibliothèque d'Alexandrie, il est bon que des manuscrits brûlent et que des trésors partent en fumée, car, nous dit le poète, au dessus et en dessous des grimoires agissent des forces indestructibles qu'il s'agit de capter et d'exalter. C'est ce que j'ai vu et ressenti en Belgique: le feu grégeois d'une renaissance avortée, étouffée sous l'incandescence des glacis et la pierre des beffrois.





Actuellement, des spécialistes de l'Institut royal du Patrimoine artistique restaurent l'Agneau mystique au musée des Bx-Arts de Gand, dans un atelier spécialement aménagé pour l'occasion. Le public peut suivre la restauration en direct derrière une baie vitrée. Les photos sont interdites (!) Pourquoi autoriser le public à assister à la restauration en direct et lui interdire de la photographier ? Mystère. Les restaurateurs ne travaillent pas le week-end, mais les panneaux restent exposés. Profitez-en pour photographier à la sauvette après avoir trompé la vigilance du gardien (lui proposer des friandises, feindre l'évanouissement dans la salle à coté au pied des Jérôme Bosch, ou autre).
On restaure : c'est-à-dire que l'on retire les couches de vernis dégradées lesquelles menaçaient de mettre en péril la matière picturale. Ce faisant, on enlève aussi les repeints. D'où ces taches blanches ( vestiges à mon avis, d'anciennes restaurations ) que nous avons remarquées sur les différents panneaux et qui seront repeintes à l'aquarelle pour les fondre dans le décor. Chaque étape de la restauration est photographiée (ils ont le droit, eux!). Les travaux vont durer 5 ans. Tous les panneaux vont y passer, les uns après les autres. En pénétrant les différentes strates des couches picturales et en deçà ( les enduits), on découvrira peut-être la nature des divers composants des liants utilisés par les frères Van Eyck. Mais il est fort probable que les diverses recombinaisons des corps chimiques qui ont eu lieu au cours des siècles nous empêchent de les connaître.On peut rêver. En revanche, nous serons prochainement qui a peint quoi, la part d'Hubert et celle de Jean.
Il est possible, parait-il, d'interviewer les restaurateurs. Je vais essayer de les contacter pour leur poser quelques questions. Les vôtres, si vous le souhaitez.
J'ai fait un premier pas en m'adressant au musée de Gand qui m'a donné d'emblée ce tuyau : Tuyau : Sur leur site vous pouvez voir l'œuvre d'art de tout près et vous pouvez zoomer sur tous les détails.
Le lien m'a permis de scruter les panneaux du rétable. On est soufflé par la performance de l'artiste, ses audaces, ses raccourcis, on découvre des fautes aussi, et les limites du regard humain. C'est fascinant.



L'ange de l'Annonciation sous le binoculaire



Le panneau au donateur

 


LA FEUILLE DE ROUTE


Anvers. Mes amis, Marie et Claude Labro qui m'ont proposé ce beau voyage

1er mai 2014. Gand, Gent. On prononce « Guainte ». Rétable de l'Agneau mystique.

2 mai. Bruges, Brugge. On prononce « Brrureun ». Musée Groeninge : Jérôme Bosch, jugement dernier. La Vierge au chanoine de Van Eyck. Le portrait de Marguerite Van Eyck.
Musée de l'Hôpital : le rétable de Memling, l'adoration des mages, la déploration du Christ, la Vierge et le jeune donateur, la Sybille. Visite du béguinage.

3 mai. Anvers, Antwerpen. On prononce… comme on peut. La Maison Rubens. Portrait du prince d'Orange et autoportrait de Van Dyck. Le musée Plantin-Morestus. Estampes. Cathédrale St-Jacques : Rubens. La mise en croix. La descente de croix.

4 mai. Bruxelles. On prononce « brruxél ». Musée des Bx-Arts. Memling, pièta. Bosch, tentation de st-Antoine. Bruegel et fils. Rubens, adoration des mages. Cranach, Vénus. Rubens, têtes de nègres. David Téniers.

5 mai. C'est lundi. Les musées sont fermés. Port d'Anvers. Centrale nucléaire. De Verdronken land à Terneuzen. Un pied en Hollande.

6/7 mai. Gand. Les pierres tombales des musées mondiaux. Musée des Bx-Arts : Bosch. Portement de croix et St-Jérôme. Les restaurateurs du rétable. Le masque de cire de Robespierre guillotiné. Ostende, la mer horizontale. La gaufre absolue. Zuydcoote. Nuit à Dunkerque.
Retour à Paris le 7 mai au soir.


La Belgique et ses paysages contrastés…




L'Art est illumination. Musée de l'Hôpital. Bruges

Daniel Estrade.

 

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